Main basse sur la pensée

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Bertrand Vergely, philosophe orthodoxe qui a enseigné en classes préparatoires, poursuit une œuvre salutaire sur le sens de la vie. Il nous parle de son nouveau livre.

La Nef – En écrivant ce livre, quel objectif intellectuel avez-vous poursuivi ? À quelle urgence intellectuelle avez-vous obéi ?
Bertrand Vergely– Une arnaque est un vol commis à l’occasion d’une trahison. Lorsqu’on fait confiance à quelqu’un qui se sert de la confiance qu’on lui fait pour voler, on se fait arnaquer. Les utopies révolutionnaires ont toutes été des arnaques en promettant un avenir radieux avant d’installer un régime policier. Aujourd’hui des idéologies de libération arnaquent en se servant du droit à la liberté pour semer la terreur. J’enseigne la philosophie. J’aime trop la pensée pour accepter qu’on la vole et qu’on me la vole. J’ai écrit Main basse sur la pensée pour ne pas me laisser faire par les arnaqueurs.

Parmi les arnaques que vous dénoncez, il y a « l’arnaque religieuse » : en quoi consiste-t-elle ?
La religion est un état intérieur qui consiste à faire religieusement les choses en étant totalement attentif. Comme le dit Simone Weil, elle est pure attention. Lorsque le terrorisme religieux tue au nom de Dieu afin d’imposer sa loi, il est une monstrueuse arnaque. La religion n’est qu’un prétexte pour imposer sa violence et assouvir sa soif de domination. La religion a comme sens de faire de la religion au sens noble et non de la politique. À chaque fois qu’elle fait de la politique, elle arnaque en devenant un prétexte pour un jeu de pouvoir.

Et « l’arnaque athée » ?
L’athéisme fait croire que Dieu n’existe pas. Ce n’est pas Dieu qui n’existe pas, mais l’athéisme. Reposant sur un nihilisme métaphysique, celui-ci avance qu’il n’y a fondamentalement rien. On ne peut pas aimer la vie et soutenir que l’on ne vient de rien, que l’on ne va vers rien et que l’on n’est rien. On ne peut pas agir, construire une vie et élever des enfants en dévalorisant la vie. L’athéisme fait croire que c’est possible et même souhaitable. Il arnaque.

« Si, au lieu de vouloir supprimer la morale, on lui donnait la place qui est la sienne, on éviterait les embarras dans lesquels nous plonge la volonté de la faire disparaître », écrivez-vous : expliquez-nous cela ?
On ne peut pas soutenir que la morale est une invention réactionnaire opprimant la liberté des pulsions et s’indigner devant la malhonnêteté et l’injustice. Ou la morale est une fiction idéologique. Il n’y a alors aucune raison de s’indigner à propos de quoi que ce soit. Ou il y a des raisons de s’indigner. Dans ce cas, la morale n’est nullement une invention. On peut parfaitement expliquer que la morale existe sans pour autant devenir un sinistre moralisateur. Il suffit d’être sérieux, c’est-à-dire d’avoir le sens de la règle. On ne peut pas faire n’importe quoi. Cette exigence légitime fait que l’on s’indigne tout en veillant à ce que l’on ne s’indigne pas à propos de tout. Ainsi, il est très sérieux d’aimer la vie, d’avoir le sens du bonheur ainsi que le sens de l’humour. Quand on est sérieux, parce que l’on est sérieux, on n’est pas que sérieux ni bêtement sérieux.

Quelles sont les racines philosophiques de la « déconstruction » que l’on voit partout à l’œuvre dans le monde universitaire et dans bien des discours politiques ?
La déconstruction est apparue quand, au XXe siècle avec Heidegger, la pensée critique s’est attaquée à la métaphysique en démantelant son rationalisme afin de restaurer la pensée comme parole issue d’une expérience vécue. À la suite de Mai 68, le gauchisme intellectuel s’est emparé de cette méthode en en faisant une arme politique. Démantelant les fondements mêmes de l’humanité et de la société, il s’est employé et il s’emploie encore à imposer la destruction de toute vérité et de toute identité au nom de la liberté. La pensée critique déconstruisait pour faire penser. Le gauchisme intellectuel déconstruit pour obliger à bien penser. Aujourd’hui, la théorie du genre est l’application exemplaire de cette arnaque. Partant de l’idée que la différence sexuée est une invention culturelle produite pour exclure les gays et opprimer les femmes, il n’est plus permis de parler d’homme et de femme. Les utopies révolutionnaires ont toujours expliqué que, pour changer le monde, il fallait conditionner les esprits afin de les faire penser sainement. La théorie du genre agit comme elles. La culture a été conditionnée par l’idéologie du genre, dit-elle. L’humanité se libérera quand une culture non-genrée conditionnera les esprits en les faisant penser comme il faut.

Propos recueillis par Élisabeth Geffroy

Admin Roland a écrit:

Et « l’arnaque athée » ?
L’athéisme fait croire que Dieu n’existe pas. Ce n’est pas Dieu qui n’existe pas, mais l’athéisme. Reposant sur un nihilisme métaphysique, celui-ci avance qu’il n’y a fondamentalement rien. On ne peut pas aimer la vie et soutenir que l’on ne vient de rien, que l’on ne va vers rien et que l’on n’est rien. On ne peut pas agir, construire une vie et élever des enfants en dévalorisant la vie. L’athéisme fait croire que c’est possible et même souhaitable. Il arnaque.

Ils sont à vomir par leur suffisance d'un air de nous dire toujours que nous sommes des nuls de croire en Dieu .
Bref que notre cerveau n'est pas fini